Un auteur m'a contacté, en lisant un de mes livres, si je pouvais lui donner des conseils pour écrire comme Lovecraft. De la même façon qu'un dentiste donnerait des conseils d'archéologie à un chasseur de trésor, je m'empresse de lui répondre. La question est intéressante, car mes livres ne s'inspirent pas de Lovecraft. Même si je suis en train de réparer mon irréparable retard et erreur, de n'avoir pas lu l'un des plus grands maitres de l'épouvante. Une idée me trotte dans la tête depuis que je lis les oeuvres de Lovecraft, d'écrire un livre, s'inspirant des mythes lovecraftiens.
Les conseils que je devrais suivre moi-même, seraient les suivants.
Connaitre entièrement le mythe de Lovecraft
La beauté de Lovecraft est que ses mythes sont infinis, mais très simples à comprendre. A partir de quelques piliers de base, on peut en connaitre l'ampleur avec la lecture de nouvelles tels que l'Appel de Cthulhu, Les Montagnes hallucinées, L'affaire Charles Ward ou encore Le Cauchemar d'Innsmouth. Les Montagnes Hallucinées et l'appel de Cthulhu sont des piliers, à la fois pour comprendre les mythes fondateurs, mais aussi pour avoir une vision simple des créatures qui peuplent réellement notre monde.
Car en lisant les Montagnes hallucinées, on comprendra la Couleur tombée du ciel, qui est plus un roman d'un homme en proie aux pires atrocités de la vie et qui montre un courage surhumain à les subir, plutôt que d'une atrocité surnaturelle.
Ne pas changer le style de Lovecraft
Lovecraft dédaignait l'écriture facile. Il pouvait aligner 3 pages, disant la même chose, mais chaque mot était différent. Il allait parfois chercher dans les méandres du dictionnaire et des termes oubliés depuis la nuit des temps et même au delà pour que son phrasé ressemble à son esprit fiévreux. Et voici le blasphème que vous ne devez pas faire si vous voulez écrire comme le grand maitre. Évitez tout progressisme insipide en évitant la signature de Lovecraft qui est le dédain des races étrangères.
Aujourd'hui, bien d'auteurs insipides, amateurs de gloires aussi éphémères que leur pet nocturne, se contentent de réveiller les mythes lovecraftiens sans comprendre leur impact réel, sur la différence entre les hommes. Lovecraft était un homme de son époque et il ne faut pas y toucher sous peine de mort. Oui, vous pourrez le faire sans ce dédain, mais vous ne serez qu'un auteur faible d'esprit et il y a tellement de faibles d'esprit et de bûcher qui se perdent de nos jours !
Les amis de Lovecraft, un groupe d'auteurs qui ont enrichis le monde de Lovecraft, ont gardé ce dédain des races étrangères. Le retour des Lloigors par Colin Wilson, montre ce qu'il pense réellement des gitans. Ceux des profondeurs par James Wade, montre une haine farouche contre les dauphins. Chaque auteur, utilisant Lovecraft, peut montrer son dédain dans un monde qui lui déplait au niveau épidermique. J'ai donné ma part de vomi, mais sans vernis lovecraftien, dans la nouvelle, la Couleur du progrès dans Le Déclin.
Pas de monothéisme
Lovecraft n'utilise aucun mythe insipide et rabâché à souhait du monothéisme. Pas de vampire, de loup-garou, de zombie ou de fantômes, laissez donc ça aux écrivains insipides qui pissent des mots comme un ivrogne qui évacue sa bière par manque de place. Vous êtes ici chez Lovecraft et donc, uniquement des mythes paiens et pré-paiens.
Partez à la recherche des mondes avant les mondes, des créatures avant la moindre particule, il ne faudra pas ouvrir votre esprit, mais prendre une hache, le fracasser comme une noix de coco et peut-être que vous pourrez évacuer la vomissure des mythes prémâchés, signature éternelle d'un auteur sans talent et laisser entrer Cthulhu, Ithaqua, Hastur, Yog-Sothoth, Nyarlathotep, Azathoth et parcourez pieds nus et le visage effrayé, la somptueuse cité de R'lyeh.
Ecrivez pour vous
Lovecraft a écrit ses premiers histoires à six ans et dès cette époque, il était son seul lecteur. Lisez donc La Caverne secrète ou les Aventures de John Lee et vous comprendrez qu'une histoire lovecraftienne se reconnait même s'il n'y a pas encore trace de mythe. Si un jour, je décide d'écrire une histoire lovecraftienne, ce sera pour moi, avec ma haine, ma violence, ma rancœur et ma créativité. Mettez tout ce que vous avez de plus noir en vous dans cette histoire et vous aurez un superbe conte lovecraftien.
